
Trêve hivernale et logement insalubre : dans quels cas l’expulsion est-elle possible ?
La trêve hivernale protège chaque année des milliers de locataires en France contre le risque d’expulsion pendant les mois les plus froids. Mais que se passe-t-il lorsque le logement concerné est considéré comme insalubre ? Les règles sont-elles les mêmes ? Les locataires peuvent-ils vraiment être expulsés d’un logement dangereux même en hiver ? Plongeons dans le détail de ce sujet sensible où la protection sociale rencontre les exigences de salubrité.

trêve hivernale et logement insalubre : dans quels cas peut-on être expulsé ?
La trêve hivernale, période pendant laquelle la plupart des expulsions sont suspendues, vise à protéger les personnes vulnérables des rigueurs hivernales. Cette mesure illustre la volonté de l’État de lutter contre la précarité, notamment en matière de logement. Toutefois, certains cas exceptionnels existent où cette protection ne s’applique pas, notamment en cas d’insalubrité avérée du logement.
Qu’est-ce qu’un logement insalubre ?
Un logement est qualifié d’insalubre lorsqu’il présente des risques avérés pour la santé ou la sécurité de ses occupants. Cela peut résulter de nombreuses situations, telles que :
- Présence de moisissures importantes ou d’humidité excessive.
- Installations électriques dangereuses ou défaillantes.
- Absence d’accès à l’eau potable, au chauffage ou à des sanitaires fonctionnels.
- Dégâts structurels majeurs : toiture effondrée, murs fissurés, etc.
- Infestation massive de nuisibles (rats, punaises de lit, cafards, etc.).
L’insalubrité doit être officiellement reconnue par les services d’hygiène ou par une décision préfectorale. Cette reconnaissance n’est donc pas laissée à la seule appréciation du propriétaire ou du locataire.
La trêve hivernale : un principe, mais aussi des exceptions
Le principe de la trêve hivernale est simple : du 1er novembre au 31 mars, il est interdit d’expulser un locataire de son logement, à quelques exceptions près. Parmi ces exceptions, l’insalubrité du logement occupe une place particulière.
Lorsque le maintien dans le logement constitue un danger grave pour la santé ou la sécurité de ses occupants, l’expulsion peut être autorisée même durant la trêve hivernale.
Cette disposition vise avant tout à protéger les habitants d’une exposition prolongée à des conditions dangereuses. Le but n’est pas de sanctionner les locataires, mais d’assurer leur sécurité en les éloignant d’un environnement nocif.
Procédure d’expulsion pour insalubrité : étapes et garanties
Si un logement est déclaré insalubre de façon officielle, une procédure spéciale s’enclenche. Voici les principales étapes :
- Constat d’insalubrité par les services compétents (Agence Régionale de Santé, mairie…)
- Notification à l’occupant et au propriétaire de la décision d’insalubrité.
- Éventuelle mise en demeure de quitter les lieux, même en période de trêve, si le danger l’exige.
- Le préfet peut ordonner l’évacuation immédiate s’il estime la situation critique.
Toutefois, l’autorité administrative veille à accompagner les personnes concernées : des solutions de relogement sont généralement proposées afin d’éviter une mise à la rue brutale. [ En savoir plus ici ]
Tableau récapitulatif : Expulsion durant la trêve hivernale
Situation | Expulsion possible durant la trêve ? | Remarques |
---|---|---|
Impayés de loyer | Non | Sauf exceptions prévues par la loi |
Logement déclaré insalubre | Oui | Si maintien dangereux pour la santé ou la sécurité |
Squat sans droit ni titre | Oui | Sur décision de justice ou du préfet |
Quels recours pour les locataires concernés ?
Face à une procédure d’expulsion liée à l’insalubrité, les locataires disposent de droits et peuvent s’appuyer sur différents recours :
- Contacter une association de défense des locataires pour bénéficier d’un accompagnement.
- Demander un relogement en urgence auprès de la mairie ou de la préfecture.
- Saisir le juge si la procédure ne respecte pas les règles ou si le relogement proposé n’est pas adapté.
Il est essentiel de ne jamais négliger les notifications officielles et de se tenir informé de ses droits, pour éviter une sortie non encadrée du logement.
Bon à savoir : responsabilisation du propriétaire
En cas d’insalubrité, le propriétaire est dans l’obligation de procéder à la rénovation ou la mise aux normes du logement. S’il ne le fait pas, il s’expose à des sanctions, voire à une prise en charge directe des travaux par les autorités. Le locataire peut aussi demander une réduction de loyer, ou même, dans certains cas, la suspension du paiement jusqu’à la fin des travaux.
Enfin, il est parfois préférable pour la santé de toute la famille de quitter temporairement un logement insalubre, même si cela implique une procédure particulière pendant la trêve hivernale. Se rapprocher des services sociaux locaux permet d'accélérer la recherche d’une solution adaptée et de bénéficier d’un accompagnement personnalisé afin de ne jamais rester seul face à la précarité.